mercredi 5 novembre 2008

Vendredi 31 Octobre – Aéroport de Seattle – Tacoma

Je suis au bord de Seattle,
Sur le point de la quitter.
Mon avion a du retard, un sacré temps de retard,
Et moi, anxieux comme jamais, j’ai de l’avance,
Un sacré temps d’avance.
Je me demande pourquoi je pars,
Pourquoi je laisse encore une fois
Des gens derrière moi.
Définitivement, je ne suis pas fait pour les voyages,
Pas pour les voyages comme cela.
Le cul toujours entre deux chaises.
Ne jamais être chez soi
Mais ne jamais être un étranger.
Ne jamais quitter et ne jamais rester.
Ce n’est rien de très original,
Mais j’ai la gorge nouée.
J’ai envie de faire demi-tour,
D’hurler
« Non, ne partez pas, c’était une blague, en fait, je reste ! »
En fait, j’ai pas envie de partir.
Pas du tout.

Je serais à la maison dans 16 jours,
Autant cela me fait du bien,
Se dire qu’au bout de tout cela,
Des gens vous attendent,
Pour écouter ce que vous avez à raconter.
Pour vous regardez et rire avec vous,
De toutes ces histoires.
Autant, je préfèrerais qu’il n’y ai personne.
Que j’ai une excuse pour rester, vivre un peu ici.
Cela me torture d’abandonné Marcos.
Cela me fout les boules.
J’ai l’impression qu’il va se perdre,
Avec son cou qui ne va pas bien.
J’ai l’impression de le laisser tout seul.
Avec son blouson presque trop court,
Qui se redresse sur les poignets.
Avec son sac à dos bombé.
Avec ses grands pas, comme sur ressort.
Avec ses airs angoissés, ses sourires inquiets.

Cela me fait chier,
De laisser cette ville,
Cette ville qui m’a fait vibrer,
Trembler.
Qui m’a fait voir et sentir la pluie,
Qui m’a fait découvrir
Ce joli bout d’Amérique.
Mon rêve américain, il est là,
Dans cette ville, calme et tranquille.
Peaceful.

Mon avion est en retard,
Alors j’attends.
J’ai l’impression qu’on est la nuit,
Il n’est que 3 :48 pm.
Je me brûle la langue avec un chocolat chaud,
Et j’attends.
De toute façon, il n’y a rien à faire.
Si, espérer que j’aurais ma correspondance à Denver.
Je pars quelques jours à Palm Springs.

Ouais, aujourd’hui, j’ai les boules.
Comme on a tous les boules.
Un coup de blues juste en travers de la main.
Une acidité dans la bouche.
Le militaire assis à côté de moi
N’a pas l’air plus heureux.
Bœuf de militaire !
On se retrouve comme des cons,
A partir sans le vouloir.
A attendre, là, le cul entre deux chaises.

Je paraphrase sans doute des milliards de gens,
Mais il est une chose de quitter sa famille, sa maison,
Ses amis, son lit,
Pour un voyage comme cela.
Il en est une autre, Ô combien plus difficile :
Savoir revenir.
Cela doit bien s’apprendre avec le temps.

Mais pour l’instant,
J’ai les boules.

Aucun commentaire: