jeudi 23 octobre 2008

Jeudi 23 Octobre - Seattle

L'attraction invisible que j'ai ressenti
Pour le nord de la Californie,
Me semblait indéracinable.
Ce mélange de Jura, des Voges et de Provence,
Ne tiens pas longtemps face à Seattle.
Je suis et je resterais Parisien
Jusqu'au bout,
Tout du moins, je le pense.
Et qui dit Paris, dit Pluie.
C'était cela qui me manquait.
La pluie anodine et banale.
Le froid, glaciale,
L'automne, l'hiver.
Le Soleil pâle qui ne chauffe rien.
Le temps blafard qui perce les vitres.
Je me sens à Seattle comme à la maison.
La douceur odeur de froid qui rôde,
Les blousons que l'on ressert,
La douceur des maisons agréablement chauffées,
Les sourires indéssinables sous les écharpes,
Les trottoirs que l'on regarde en marchant vite.
Je n'ai maintenant plus qu'une envie,
Aller à l'Opéra pour écouter Wagner
Avec ce correspondant châtain.

Le café perle sur les lèvres,
Pour réchauffer encore un peu.
Le café est partout, tout le monde en boit.
Cette ville déborde de café,
Un vrai rêve.
Un café chaud et agréable,
Qui nous caresse
Autant que le froid agresse.
Je ne saurais expliqué
La chose qui me chatouille
Qui me berce dans cette ville.
Ce mélange de Newcasttle, Glasgow et Cologne.
Cette folie, cette pulsion,
Dans le coeur de cette ville,
Remplie de musicien, de sons, de jazz
Et puis de Rock.

Je passe ma première nuit seul,
Erick, mon hôte, est à Reno,
Une sombre histoire de naissance.
Alors, je profite de cette nuit,
Pour me laisser aller.
A découvrir un peu plus de moi.
Je me suis promener un peu.
J'ai regarder sur le grand terrain d'à côté
Une bande de jeunes jouer au football.
Les mères, assises sur le banc,
Soufflant de la fumée, ne fumant pas.
Les lumières braquées sur le stade,
Cela semblait surréaliste.
Tout droit sortie d'un film
Un film américain empreint de
Néo-réalisme italien.
C'était drôle, drôle et apaisant.

Je vais continuer à parler.
Cela est agréable.
Surtout quand on propose Chopin...

samedi 18 octobre 2008

Samedi 18 Octobre - San Francisco

J'apprends doucement à dire "au revoir"
Il est une évidence que j'aime cette ville.
J'y ai rencontré des gens fabuleux !
Des gens que j'aime.
Et autant je n'ai aucune envie de la quitter,
Autant je sais qu'à Seattle je rencontrerais
De nouvelles personnes,
Que je quitterais, encore et encore.
On se dit "au revoir".
Comme l'a dit si joliment Walter,
"We don't say 'Adieu' because is goodbye for ever"
Alors non, je n'ai pas envie de dire "adieu"
Juste au revoir et à bientôt

"Take care and I love you"

Je m'envole pour Seattle !

lundi 13 octobre 2008

Lundi 13 Octobre - San Francisco

Dans quelques heures,
Je rentrerais dans mon troisième mois
Troisième et dernier mois aux USA.
Et soudainement, tout s'accélère.
Tout passe de plus en plus vite.
Je ne vois plus rien passé.
Plus le temps de faire grand chose,
Mes jambes se coupent,
Je suis comme bloqué,
Coincé, incapable de faire quoique ce soit.
Paralysé par des peurs qui se dessinent.
L'angoisse du retour, pas de rentrer, mais du retour
De ce trajet qui s'annoncent plus que long.
D'abord prendre un premier avion
Depuis Phoenix jusqu'à Montréal.
Puis attendre 24 heures et en reprendre un autre,
Pour Zurich, et encore un autre
Une heure après, pour Paris.
Près de deux jours de voyages.
Entre coupé, pleins d'à-coups.
Deux jours, tout sauf franc.
Deux jours, que je monte et démonte
Que je construis et déconstruis
Que j'imagine et que je cauchemarde.

Je dois partir pour Seattle samedi prochain.
J'ai trouver un avion pas trop cher,
Mais une fois de plus,
Ma carte refuse de passer.
Une fois de plus je suis bloqué.
Je dois partir, je dois bouger
Pour mon bien, pour ne pas trop rester.
Je dois m'en aller.
Aller voir ailleurs.
Je dois trouver les sacs à aspirer,
Je dois trouver la poste pour envoyer des affaires,
Je dois trouver l'énergie et la force
Et c'est sans doute cela le plus dur.
Le plus complexe.
Le plus insupportable.
On remet les échéances à plus tard,
On fait attendre.
On verra...plus tard.

Dans un pays si loin, si différent,
Dans un pays dont on ne parle pas la langue aisément
Ou tout simplement dont la langue n'est pas notre langue maternelle,
Il est important d'avoir des îlots,
Des petits îlots sur lesquels partir,
Se reposer, quelques instants.
J'ai pris deux îlots avec moi :
Ma musique
Mes livres
Quelques choses que l'on fait découvrir,
Que l'on partage, que l'on prête.
Prendre le temps de les montrer,
De les faire découvrir.
Dans la voiture entre Los Angeles et Guerneville,
Eddie a attrapé mon livre.
Le Paradis d'Hervé Guibert.
Il a lu la premier page à haute voix, en français.
Puis il s'est retourné sur moi, l'air triomphant.
Il m'a tendu le livre et m'a demandé de lire le même passage
De le relire, puis de l'expliquer.
Soudainement, il était sur mon îlot, avec moi.
Il était fier.

J'ai passé un Week End de folie avec des Fous
Dans un endroit qui ressemble à la Provence,
Qui me rapelle ma Provence.
Celle où j'étais gosse.
Celle qui a été vendu.
Celle de mes souvenirs.
Le nord de la Californie est donc pleins de surprise.
Et puis on y mange du sucre qui n'est pas du sucre
Mais qui est du sucre quand même.
On y vit doucement, sans se poser de questions.
Le Week End fut rythmé par un Chef Fantasque,
Ricardo... Il chantait Shirley Bassey en faisant des gateaux.
C'est une espèce de gros type jovial.
Un type qui se pose pas trop de question,
La gueule un peu cassée.
Il a même tenté de danser comme Sinatra.
Magique, le Week End était magique.

Mon Ventre ne me fait plus mal.
Et si dans deux ou trois ans,
Ce que je veux n'est pas,
Je reviendrais ici.
Pour plus longtemps,
Oui, je reviendrais,
Comme partout.

jeudi 2 octobre 2008

Jeudi 2 Octobre - San Francisco

Les Jours ici passent si vite
Dans une folie enivrante
Tout, tout va trop vite.
L'impression que 10 ans se sont passé depuis mon arrivé ici, Samedi dernier.
Je perds sérieusement ma notion du temps.
Je ne sais ni où je suis, ni où je vais
J'ai l'impression d'être perdu
Quelques part entre deux eaux.
Le temps perds de son importance.

On n'oublie rien, on s'habitue
Disait le Grand Jacques.
Et à trop s'habituer, on finit par oublier
Sur les murs de cette ville se trouvent des mots
Des fresques et des couleurs.
Des invitations à vivre, encore un peu plus.
Et l'on vit ici,
On vit vite, trop vite.
Et l'on se brûle.
Et l'on meurs.
Encore, ce n'est rien, "on a l'habitude"
Et deux jours plus tard, tout sera oublié,
Une fois de plus, mais bon, c'est pas grave
"On a l'habitude"

Je me rappelle d'une phrase de Keith,
Proposant à Magda de l'emmener à "C'est mon choix"
Sur le thème :
"J'emmène Mamie aux Afters du Scorp"
Là on pourrait demandé à M6 de faire une émission
"Comment j'ai transformé le service VIH Sida de l'hôpital en after du Madam"
Cela marche aussi avec le service Drogues

"Tu as déjà pris du Crystal Meth ?
- Non...
- Tu viens d'où ?
- De Paris..."

"Tu es Seroneg ?
- Oui...
- Tu viens d'où ?
- De Paris..."

"Et sinon tu comptes ramener quoi en souvenir de San Francisco ? Un Sida ou une Blenno ?"

La mort est partout.
Masqué par le moindre passant.
Elle est omniprésente.
Mais on l'a cache, on ne veut plus la voir
On ne veut pas la voir, pour la plupart...
On ferme les yeux et tout va bien.
On a beau être comme à la maison,
La mort, elle est là et elle pue...


A la mémoire des Combattantes et des Combattants,
A la mémoire de celles et ceux qui ont combattu,
A la mémoire de Del Martin